Rapprochement de Jean-Pierre Chevènement et de Nicolas Dupont-Aignan en vue?

Publié le par Tythan

Un article d'Agoravox affirme que lors de la dernière réunion du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC), Jean-Pierre Chevènement, son fondateur, aurait appelé ses anciennes troupes à se rapprocher de Debout La France (DLF) de Nicolas Dupont-Aignan.

Je n'ai pas pu vérifier cette information, mais cet article est repris par un site d'un responsable local du MRC et il me paraît donc probable qu'elle soit vraie, la proximité idéologique entre les deux hommes étant évidente.

En revanche, il me paraît douteux que cet appel ait un quelconque écho au sein du MRC, où Jean-Pierre Chevènement n'a plus aucune responsabilité au profit des derniers élus que compte le parti. En effet, le MRC n'est plus que l'ombre de lui-même et ne compterait plus, dit-on, qu'un petit millier d'adhérents. Autrement dit, vu ce nombre très faible, il est à la main des rares élus que comptent ce parti et qui doivent leur élection à l'alliance avec le PS. Or, quand bien même le PS enchaîne les déroutes électorales, son appui restera, les choses étant ce qu'elles sont, incomparablement plus attractif que celui de DLF. Dans ces conditions, un revirement ne sera possible qu'après la perte par le MRC de ses derniers fromages. Et d'ailleurs, sur le site du MRC, il est indiqué qu'une rencontre "fructueuse" avec le premier secrétaire du PS a eu lieu récemment, malgré les désaccords. Quelle rigolade!

Une histoire ancienne

L'histoire des rapprochements entre Jean-Pierre Chevènement et Nicolas Dupont-Aignan est une histoire ancienne, faite de respect mutuel mais aussi de concurrence politique.

La proximité idéologique entre NDA et JPC ne fait aucun doute pour tous les observateurs avisés de la politique, et bon nombre des cadres de DLF sont en fait d'anciens chevènementistes, à l'image de François Morvan. Moi-même, en 2002, j'étais trop jeune pour voter mais je soutenais Jean-Pierre Chevènement dont le concept de républicains des deux rives m'intéressait.

Sur tous les grands sujets, Europe, défense des services publics, sociétaux mais aussi et contrairement à ce que dit Jean-Pierre Chevènement, l'immigration, il n'y a que de légères nuances. En 2007, NDA et JPC étaient même allés jusqu'à faire un meeting commun (avec la présence de Marie-Noelle Lieneman). Et d'ailleurs, lors de la dernière campagne des européennes en 2014, des discussions très avancées avaient eu lieu afin de nommer Jean-Pierre Chevènement tête d'une des listes Debout La France. La presse s'en était fait d'ailleurs l'écho, fait rarissime lors de négociations aussi secrètes : hélas, à la dernière minute, cela ne s'était pas fait, pour des raisons de forme.

L'occasion manquée

A mon sens, l'occasion manquée date, si ce n'est de 2014, plutôt de 2012 et l'élection présidentielle voire même de celle de 2007 (où NDA n'avait pu se présenter faute du nombre suffisant de candidatures). A cette date, souvenez-vous du grand raout organisé par Jean-Pierre Chevènement à l'occasion de ses soutiens aux candidats socialistes (impressionnant en faveur de Ségolène Royal, plus modeste à l'occasion de celui accordé à François Hollande). A ce moment là, l'impact du soutien de Jean-Pierre Chevènement à un candidat peu connu aurait été maximal.

Aujourd'hui, ce n'est plus le cas, d'autant que le MRC ne représente plus rien électoralement (sans compter qu'il n'est pas aux ordres de son ancien président) et que Jean-Pierre Chevènement est assez âgé (76 ans). Un soutien de Jean-Pierre Chevènement, ex membre du gauchiste CERES, ministre de l'intérieur controversé des années laxistes de Lionel Jospin, pourrait même perturber des électeurs de droite de DLF.

En revanche, NDA aurait l'occasion avec un éventuel soutien de Jean-Pierre Chevènement, de casser son image droitière. Image contraire à la réalité puisque NDA est un gaulliste social dont la carrière politique a éclos sous le patronage de Philippe Séguin au RPR, mais qui persiste dans l'opinion.

Et d'ailleurs, les médias ne cessent d'essayer d'assimiler NDA au Front National. C'est évidemment complètement faux, mais la réponse à ces caricatures demande forcément du temps, une mise en situation incompatible avec l'efficacité médiatique. Le ralliement de Jean-Pierre Chevènement, issu de l'extrême gauche et unanimement respecté pour son parcours républicain irréprochable, aurait permis de claquer le museau facilement aux auteurs de ces médisances.

Il n'y a qu'à regarder la facilité avec laquelle Florian Philippot se dédouane de toutes les attaques sur son extrémisme en invoquant son passé chevènementiste, alors pourtant que ce dernier est des plus légers s'il n'a pas été totalement inventé.

Mais peut-être, une fois les derniers élus du MRC emportés par la déroute électorale du PS le MRC, aux mains des véritables militants, soutiendra-t-il officiellement DLR?

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