Nouvel article contre-productif de l'Union Populaire Républicaine

Publié le par Tythan

Nouvel article contre-productif de l'Union Populaire Républicaine

Je vous propose ci-dessous une analyse d'un communiqué récent de l'Union Populaire Républicaine, le mouvement de François Asselineau, qui était inutilement agressif envers les autres partis eurocritiques.

Texte du communiqué de l’UPR (en italique ou en gras pour les titres)

Commentaires de Tythan à sa suite (non italique)

Les électeurs du Front de Gauche, du NPA, du MRC, de DLF et du FN doivent rejoindre au plus vite l'UPR s'ils ne veulent pas se faire « syrizer » en 2017

Titre assez révélateur de l’état d’esprit de François Asselineau et de certains de ses adeptes, selon lequel seule l’Union Populaire Républicaine détiendrait la Vérité tandis que les autres partis seraient, au choix, des imbéciles ou des traîtres.

Apparemment, ces slogans racoleurs qui personnellement me hérissent et me paraîssent contre-productif semblent fonctionner malgré tout…

Le dénouement de la crise grecque se termine, comme les précédentes crises, par une mise en scène digne de Guignol et un nouveau plan de réformes draconiennes qui vont aggraver la situation de la Grèce.

Et tout de suite, dès les premiers mots, François Asselineau s’exprime maladroitement, puisqu’il paraît souscrire à la thèse du dénouement de la crise grecque.

Or, ce « dénouement » n’est très probablement que provisoire puisque de très nombreuses questions ne sont pas réglées. Tous les analystes reconnaissent que la crise est loin d’être terminée et que la Grèce a tout au plus gagné un sursis : le risque de défaut de la Grèce et de Grexit demeure.

Sous cette réserve somme toute très accessoire, assez d’accord avec ce premier paragraphe.

Ce sketch déjà vu doit conduire les Français à tirer les six enseignements suivants :

« Enseignements », le mot n’est pas anodin. François Asselineau s’est en effet fait connaître par son rôle de conférencier avant d’être un homme politique, et il cultive cette ambiguïté en jouant constamment sur les deux tableaux. C’est un problème car cela empêche souvent tout débat politique avec les militants de l’Union Populaire Républicaine, qui récitent un catéchisme dont ils sont incapables de sortir : débattre avec eux est impossible, puisqu’ils ont la Vérité qu’ils vous assènent et ne lisent même pas les contre-arguments.

1°) Syriza était bel et bien un leurre

Sur ce point, François Asselineau semble avoir été sensible aux critiques et mêmes aux moqueries qui ont surgies à la suite de ses « analyses » faisant de Tsipras un pantin des américains ou de l’oligarchie, si bien qu’il se croît obligé d’y répondre, alors qu’il l’avait déjà fait dans un autre article publié le même jour : il voudrait montrer qu’il est mal à l’aise qu’il ne s’y prendrait pas autrement.

Comme seule l’avait analysé l’UPR dès l’accession au pouvoir d’Alexis Tsipras le 26 janvier dernier, le gouvernement Syriza « d’ultra-gauche » s’est révélé n’avoir été qu'un leurre, médiatisé et mis en place par le système pour détourner le peuple grec de la seule solution libératrice possible : la sortie de l’UE et de l’euro.

Nouvelle erreur de François Asselineau, qui continue à s’enferrer. On pense ce qu’on veut d’Alexis Tsipras, qui effectivement s’est montré particulièrement maladroit même si dans un premier temps il a semblé habile. Le triomphe du référendum s’est révélé n’être qu’une illusion et Alexis Tsipras a plié. L’histoire nous dira jusqu’où est allé et ira son renoncement. En revanche, on ne peut pas lui dénier qu’il a lutté. Avec les faibles armes qu’il avait, mais il l’a fait : il est donc difficile de prétendre qu’il ne serait qu’un « leurre ».

De même, il faut vraiment ne rien connaître à la situation grecque et à l’histoire d’Alexis Tsipras pour dire qu’il a été médiatisé et mis en place par le système. C’est une affirmation gratuite, sans aucune preuve, relevant du complotisme le plus absurde (lien à venir ci-dessous). Si vraiment Alexis Tsipras n’était qu’un leurre contrôlé par « le système », comment se fait-il qu’à peu près tous les gouvernants, la plupart des médias, presque tous les partis politiques, se soient insurgées contre l’organisation du référendum ? A mais j’y pense, pour les complotistes, cela aussi était programmé pour donner du crédit à Tsipras ? Au bout d’un moment, il faut arrêter le délire et s’en tenir aux faits.

Je précise enfin sur ce paragraphe que si effectivement la sortie de l’euro me paraît, quoique douloureuse, indispensable pour restaurer la compétitivité grecque, en revanche pour moi la sortie de l’UE n’est absolument pas indiquée pour la Grèce. Il s’agit de deux questions bien sûr liées mais différentes, contrairement à ce que veut faire croire François Asselineau.

Le leurre Tsipras, qui avait tenté d’être élu à la présidence de la Commission européenne en octobre 2014, avait toujours dit qu’il resterait dans l’Union européenne et dans l’euro. Il a tenu parole et seuls les naïfs ou les complices peuvent en être surpris.

Ce paragraphe montre bien l’incompréhension de François Asselineau de l’action politique d’Alexis Tsipras. Alexis Tsipras a toujours eu le même discours et il a tenu parole sur l’euro : qu’on soit naïf ou pas n’est donc pas la question. De même, parler de complices supposerait qu’il y ait eu mensonge, une malhonnêteté alors que justement François Asselineau reconnaît lui-même qu’il n’y en a pas. Bref, François Asselineau est incohérent à ce sujet.

Et ce point me paraît absolument indéniable.

En revanche, ceux qui expliquaient qu’en fait Tsipras voulait sortir de l’euro et ne prétendait le contraire que pour être élu ont vu leur hypothèse cruellement démentie. Eux ne sont ni naïfs ni complices, ce sont simplement des personnes qui se sont trompées. Mais ces gens-là, on ne les trouve ni à DLF, ni au MRC, ni au FN. Il y en avait certains au parti de gauche, mais ils sont peu nombreux.

Ce faux opposant a obéi comme prévu à l’oligarchie euro-atlantiste qui l’avait porté au pouvoir en le médiatisant à outrance, même si cela se fait au détriment des intérêts les plus fondamentaux de la Grèce et au risque de voir s’aggraver encore drastiquement la situation catastrophique dans laquelle se débat le peuple grec.

Et là encore, c’est n’importe quoi. Je ne suis pas un grand connaisseur de la situation médiatique grecque, langue que je ne maîtrise pas, mais de ce que je sais, il est totalement faux de parler d’une « médiatisation à outrance » de Syriza. Au contraire, Tsipras semble avoir connu d’importants problèmes avec les médias de son pays, avant son élection comme après (liens trouvés comme ça à titre de témoignage).

Syriza a été médiatisé parce que ce mouvement a rencontré un véritable élan populaire parmi les Grecs, qui avaient envie d’entendre ce discours selon lequel il était possible de mettre fin à l’austérité (tout en gardant l’euro). Il ne faut pas chercher plus loin et la thèse complotiste véhiculée par François Asselineau n’a pas le moindre commencement de début de preuves.

« Comme prévu », « oligarchie euro-atlantiste », « médiatisation à outrance »… Le vocabulaire ne trompe pas, c’est du complotisme pur et dur pour ne pas être encore plus sévère. Pour moi, c’est absolument rédhibitoire. Un type qui ose écrire ce genre de conneries, comment le prendre au sérieux ?

En revanche, il est juste de constater que l’accord signé par Alexis Tsipras, qui a lui-même reconnu qu’il n’y croyait pas, va aggraver la situation grecque.

2°) L’accord a été imposé par les États-Unis, malgré de nombreux gouvernements européens hostiles

Et voilà le grand méchant loup américain ! Il faut le savoir : toute théorie complotiste a besoin d’un méchant. Pour François Asselineau, c'est assez simple : quel que soit le problème, c’est toujours la faute à ces salauds d’Américains.

Certains médias français complaisants ont présenté François Hollande comme le « sauveur de l’euro », qui aurait imposé ses vues conciliatrices à la très rigide Angela Merkel.

Cette analyse est risible. Dans cette affaire comme dans toutes les autres, le pauvre François Hollande n’a été qu’une marionnette, qui ne pèse qu’une plume.

C’est un peu vrai mais il faut aussi reconnaitre qu’apparemment François Hollande n’ait, pour une fois, pas été si nul que cela. Mais même les médias de gauche les plus complaisants envers l’Elysée sont quand même restés assez mesurés face à l’extrême modestie des concessions arrachées par François Hollande à l’Allemagne.

Pour donner un exemple de ce qu’a obtenu François Hollande, il y a la question de la localisation du fonds chargé d’opérer les privatisations : F Hollande a obtenu qu’il soit situé en Grèce et non au Luxembourg. Voilà, c’est un exemple qui prouve qu’il a joué un rôle, accessoire certes, mais qui a existé.

Paragraphe néanmoins juste donc sur le constat global de l’extrême faiblesse de François Hollande.

Je sais, ce n’est pas une remarque très constructive, mais j’adore la naïveté enfantine du style de François Asselineau « une marionnette, qui ne pèse qu’une plume »… François Asselineau a tout de même été reçu à l’ENA, ça fait quand même un peu peur sur le niveau !

Le véritable chef d'orchestre de l’accord a été encore une fois Washington : le secrétaire au Trésor Jacob Lew a passé les 72 dernières heures au téléphone, avec Tsipras, Juncker et Merkel pour imposer un accord.

Conformément aux analyses de l’UPR sur le vrai rôle joué par les États-Unis d'Amérique dans la prétendue « construction européenne », ce nouvel accord a été exigé par Washington pour des raisons beaucoup plus géopolitiques qu'économiques et financières. Les États-Unis craignaient trop l’effet de contagion sur l’ensemble de la zone euro et sur l’Union européenne, et l’effondrement de tout leur glacis de domination géopolitique sur le Vieux continent.

Et là, encore une fois, on assiste à un nouveau délire complotiste totalement dénué de sources crédibles.

On va tout de suite poser le débat pour que les gros malins qui croient que je tombe dans l’angélisme reprennent leurs esprits : les Etats-Unis sont aujourd’hui la seule superpuissance mondiale. Ses principaux alliés, à la fois au niveau géopolitique et civilisationnel sont situés dans l’UE. Il est donc évident qu’ils s’intéressent à la crise de la zone euro, qui pourrait avoir, en cas d’éclatement désordonné de l’euro, des conséquences économiques et géopolitiques très importantes. Et d’ailleurs, François Asselineau a raison lorsqu’il parle de craintes des Etats-Unis : ils ont vraiment peur qu’une crise éclate, que la Grèce se désintègre, que l’euro s’effondre et qu’ils soient touchés par une crise à la fois économique et géopolitique.

Il est donc tout à fait normal que les Etats-Unis, que ce soit par la voix de Jacob Lew ou de Mr Smith, parlent aux Européens et essayent de les influencer afin de résoudre la crise.

Lorsque je dis cela, je ne fais au fond que rappeler des évidences que je n’ai pas besoin de prouver. C’est d’ailleurs tellement évident que les Etats-Unis communiquent officiellement sur l’action de leurs dirigeants.

En revanche, il est totalement faux de penser que Jacob Lew soit le chef d’orchestre de cette affaire. En tous les cas ce n’est en rien prouvé. Reconnaître une influence des Etats-Unis est tout à fait différent de les voir en qualité de dirigeant de l’ombre. La chef d’orchestre là dedans, tout le monde le sait, c’est l’Allemagne, avec le duo Schäuble-Merkel.

3°) L’Allemagne n’est pas du tout la seule à avoir tenté d’obtenir un « grexit »

Bien sûr, mais c’est quand même Wolfgang Schäuble qui a été le plus en pointe dans cette affaire. Et d’ailleurs, il n’y aurait pas renoncé même après l’accord.

Washington a imposé de force un accord, non seulement à l’Allemagne mais aux nombreux autres pays européens furieux de voir la Grèce obtenir un 3eme accord de rééchelonnement.

Il y avait aussi les Pays Bas, Malte, la Slovaquie, la Pologne, les Baltes, etc., qui auraient souhaité un « grexit ».

Non, Washington n’a rien imposé du tout. Angela Merkel et Wolfgang Schäuble n’avaient besoin de personnes pour arriver à un accord qui au fond, en maintenant le statut quo, sert leurs intérêts. Penser que les Etats-Unis auraient été contraints de les forcer est ridicule.

Par ailleurs, si effectivement il y aura des pertes sur la dette grecque, ces pertes sont en fait d’ores et déjà actées : accord ou pas, maintien dans l’euro ou Grexit, le rééchelonnement des dettes interviendra parce que la dette grecque n’est tout simplement pas soutenable. De nombreux pays sont bien sûr furieux, mais ils l’auraient été de toute façon.

Il est vrai de remarquer toutefois que d’autres pays membres de l’UE, sans que l’Allemagne ne les influence, souhaitaient le Grexit (par contre, je n’ai pas recherché pays par pays… Mais c’est le cas). En revanche, il y avait des pays qui ont poussé dans le sens de l’accord, que ce soit la France ou la Belgique.

4°) La résurgence de la germanophobie sert à masquer les vraies responsabilités

Eh oui mes enfants, François Asselineau ne tient pas à changer de fonds de commerce : son truc à lui, c’est l’anti-américanisme primaire, il n’entend pas qu’on bascule dans la germanophobie !

S'il est exact que l’Allemagne a fait preuve d’une relative intransigeance – pas au point, cependant, d’empêcher l’accord - il est non moins exact que le maintien de la Grèce dans la zone euro risque de coûter à l’Allemagne (mais aussi aux autres pays de la zone euro, dont la France) des sommes considérables si ce nouvel accord est suivi d’aussi peu de résultats positifs que les deux précédents.

Ok avec ce paragraphe. On peut d’ores et déjà prédire qu’il y a de grandes chances pour que ce nouveau plan d’austérité échoue tout comme les précédents, et pas simplement parce que Yanis Varoufakis est furieux.

Sur l’essentiel, une fois mis de côté ce très désagréable complotisme, l’Union Populaire Républicaine dit en fait souvent la même chose que Debout la France.

Les partis de gauche du sud de l'Europe, qui continuent de soutenir Syriza, se servent de l'Allemagne comme de

bouc émissaire pour mieux cacher deux éléments bien plus décisifs qu'ils se refusent d'exposer à leurs électeurs :

- le rôle de Washington dans la prétendue "construction européenne"

Et là, désolé, mais aucun lien.

Qu’est-ce que ça peut foutre aux partis de gauche européens de prendre pour bouc émissaire l’Allemagne plutôt que les Etats-Unis ? Pour prendre l’exemple de la France où l’anti-américanisme est beaucoup plus important que la germanophobie, il serait même plus rentable électoralement de prendre les Etats-Unis comme bouc émissaire plutôt que l'Allemagne.

La vérité, c’est que le rôle de Washington dans la construction européenne et la crise grecque, pour important qu’il soit, n’est pas décisif. La vérité, c’est que dans l’affaire grecque, la recherche d’un bouc émissaire est vaine, sans qu’il soit besoin de verser dans le « tous coupables ».

Je note pour les néophytes que l’expression « prétendue construction européenne » s’explique par la thèse complotiste développée par François Asselineau selon laquelle la construction européenne serait en fait pilotée par ces grands méchants d’Américains et qu’il faudrait donc, selon l’UPR, parler de construction américaine…

- et l'impossibilité technique d'avoir une monnaie identique pour 19 économies différentes.

L’application d’une monnaie identique à 19 économies différentes pose en effet de graves problèmes économiques aux pays ayant la compétitivité la plus faible au départ et une tendance structurelle à connaître des inflations plus élevées. Mais ce n’est en rien une impossibilité technique : la preuve, plus de 15 ans après son introduction, après avoir fait la preuve de son inefficacité, plongé un pays comme la Grèce dans une terrible récession, techniquement, l’euro fonctionne toujours (avec des restrictions néanmoins pour la Grèce et Chypre)…

5°) Rien n’est réglé

Et là, on va être d’accord. Alléluia !

L’histoire monétaire mondiale a amplement montré que toutes les monnaies plurinationales de l’Histoire ont toujours fini par exploser.

L’euro n’échappera pas à cette règle, qui résulte en dernière analyse de l’absence de solidarité naturelle entre les différents peuples et les différentes économies qui partagent ce genre de monnaie artificielle.

L’UPR prend ici rendez-vous avec tous ceux qui se réjouissent de ce énième accord passé avec la Grèce. Que ce soit dans six mois ou dans deux ans, de nouvelles crises, de plus en plus graves à chaque fois, vont resurgir, soit avec la Grèce, soit avec bien d’autres pays de la zone : Portugal, Slovénie, Italie, Espagne, Irlande, France...

Assez d’accord. On retrouve d’ailleurs là une prose très similaire à ce qu’écrit sur son blog Laurent Herblay, ancien cadre de DLR. Mais je suis persuadé que Laurent Herblay, au contraire de François Asselineau qui accuse la terre entière de plagier ses idées, se réjouira de voir ses analyses reprises.

On a la confirmation que lorsque François Asselineau parlait de « dénouement » de la crise grecque ci-dessus, il avait bien conscience que ce-dernier n’était que provisoire.

En revanche, je peux me tromper, mais vu comme c’est parti, à mon sens le maillon (le plus) faible de l’euro est et restera la Grèce.

L’UPR a donc raison, je pense, de prédire que de nouvelles crises surgiront : en revanche, il ne faut pas que François Asselineau pense qu’il est le seul à le dire : que ce soit Marine Le Pen, Jean-Pierre Chevènement ou Nicolas Dupont-Aignan, ainsi que bon nombre de fédéralistes, tous le reconnaissent. Donc les titres racoleurs du style « seule l’UPR avait prédit » et tout le tintouin, il faut ne pas en tenir compte !

6°) Les Français doivent comprendre que le Front National, DLF, le Parti de Gauche, le PCF et le Front de Gauche sont tous des Syriza français

Et là, c’est le quart d’heure mégalomane où François Asselineau va faire son autopromotion tout en dénigrant et insultant ceux qui ont eu la malheur d’avoir raison avant lui…

Alexis Tsipras a inventé un nouveau genre politique : organiser un référendum pour bien s’assurer qu’une majorité de votants est contre les réformes que l’on va quand même lui imposer une semaine après.

François Asselineau a raison sur un point : Alexis Tsipras a totalement raté son coup, reconnaissant même qu’il avait été contraint de signer un accord auquel il ne croyait pas.

Maintenant, et c’est ce que ne comprend pas François Asselineau, Alexis Tsipras a essayé. Qu’il ait cru ou non en ses chances de victoires, ce qu’on ne saura probablement jamais, il a essayé. François Asselineau pourra vitupérer autant qu’il voudra qu’il ne pourra pas occulter ce fait.

S’agissant de l’Europe, François Asselineau tient pour acquis qu’il ne sert à rien de faire bouger les lignes. Le fait qu’Alexis Tsipras ait échoué va dans son sens, je le reconnais volontiers. Mais pour moi, cet échec s’explique par le fait qu’il se soit coupé de sa seule vraie arme : le grexit ordonné (de la seule zone euro s’entend). Il n’avait pas de plan de rechange. Dès lors, il a laissé le champ libre à Wolfgang Schäuble qui lui, de plan de rechange, en avait un : le grexit désordonné. Ce plan de rechange a suffisamment fait peur à Alexis Tsipras pour qu'il capitule, malgré ce qu'avait proposé Yanis Varoufakis.

Cet incroyable cynisme politique confirme que Tsipras et Syria sont des leurres de la pire espèce, qui se sont fait élire de façon mensongère, en prétendant pouvoir refuser toute mesure d'austérité tout en restant dans l'UE et dans l'euro.

Je ne sais pas si Alexis Tsipras a fait preuve d’un « incroyable cynisme politique ». Pour cela, il faudrait prouver qu’Alexis Tsipras savait, avant qu’il ne négocie ou même avant d’êtré élu, qu’il n’arriverait pas à obtenir de meilleur accord. Mais cette preuve, François Asselineau ne l’apporte pas.

Il y a en revanche quelque chose que je sais : François Asselineau fait preuve d’un complotisme de bas étage en qualifiant Syriza et Tsipras de « leurres ».

Ce qu’on peut reprocher à Tsipras de façon certaine, c’est un manque de clairvoyance politique dans le fait d’avoir cru - ou au moins d'avoir feint de croire - qu’il était possible de faire plier les partisans de l’austérité tout en conservant l’euro et les avantages qui vont avec.

En faisant cela, Alexis Tsipras s’est coupé de la seule arme qui aurait pu avoir un impact : celui de quitter unilatéralement l’euro en prévoyant un Grexit crédible. Bref, de se constituer un plan B.

Pour moi, son erreur est là, mais rien ne m’indique qu’il l’ait fait de manière consciente ou que quelqu’un l’ait manipulé en ayant cela en tête.

Jamais, au grand jamais, les grands médias complices n’ont demandé avant l’élection comment ils pourraient concilier ainsi leur programme avec le traité sur l'Union européenne (TUE) et le traité sur le fonctionnement de l'Union européenne (TFUE), dont l’article 121 pose le principe que c'est à la Commission européenne de fixer les « Grandes Orientations de Politique Economique » de chaque État membre.

Je ne suis pas un grand spécialiste de la scène politique et médiatique grecque (pour ne pas dire que je n’y connais rien), mais sur ce point François Asselineau se trompe. Au contraire, cette question a été posée et Alexis Tsipras y a d’ailleurs de multiples fois répondu. Le programme de Syriza était clair. Qu’il soit réaliste ou non est une autre question, mais il était clair.

Pour Alexis Tsipras, les politiques austéritaires imposées à la Grèce l’ont été en raison de la faiblesse politique des précédents gouvernements. Pour lui, le droit n’était pas le problème, et il a bien raison sur ce point : quand le ministre grec s’est fait expulsé de l’eurogroupe, fait quand même sans précédent et qui selon moi n’a pas été assez commenté, vous irez voir ce qu’on a répondu à Yanis Varoufakis lorsqu’il a protesté.

Et, au passage, je note que le propos de François Asselineau sur l’article 121 est totalement faux. Le contenu de cet article est effectivement scandaleux, mais il réserve en fait au conseil et non à la commission d’émettre des recommandations sur la base d’un projet, lui-même élaboré sur la base de recommandations de la commission. Bref, allez le lire, vous verrez que c’est un galimatias mais qui n’est au final en soi pas contraignant (et encore heureux). D’ailleurs, le plus souvent, ces recommandations ne sont pas dans la pratique suivies d’effet (et en France, nous sommes bien placés pour ne pas les suivre).

Les Français doivent en tirer la leçon pour la France. Ils doivent comprendre que Jean-Luc Mélenchon et son Front de Gauche, tout comme le MRC, le NPA, DLF et le FN, sont tous des Syriza à la française, qui prétendent tous réformer de fond en comble l’Union européenne et l’euro... sans en sortir, et qui cachent tous l'existence même de l'article 50 du TUE.

Comme toujours, François Asselineau fait une fixette sur l’article 50 sans comprendre que la question de la sortie de l’euro comme celle de l’Union Européenne n’est pas une question juridique, mais avant tout une décision politique et économique.

Ceci étant dit, si je suis assez d’accord pour critiquer l’incohérence du Front de Gauche qui prétend réformer l’UE dans un sens plus social sans en changer le cadre, faux pour les autres partis.

MRC, DLF et FN proposent de changer le cadre de l’UE. Pour Nicolas Dupont-Aignan, si nous échouons à réformer l’UE, nous en sortirons, alors que Marine Le Pen propose elle déjà carrément la sortie de l’UE. J’ai mis les liens pour DLF, pour les autres, google est votre ami : il vous suffira d’ignorer les documents fallacieux mis en ligne par l’UPR.

Sur la question de l’euro, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan (et je pense que c’est aussi le cas de Jean-Pierre Chevènement) ont bien identifié l’incohérence d’Alexis Tsipras à vouloir rester dans l’euro en pensant que les autres pays membres allaient continuer de payer sans imposer à la Grèce l’austérité.

L’affaire grecque enseigne ainsi aux électeurs français qu'ils doivent se détourner du Front de Gauche, du NPA, du MRC, de DLF et du Front National et rejoindre au plus vite l’UPR s’ils ne veulent pas se faire « syrizer » en 2017.

Toujours la même rhétorique, les mêmes slogans racoleurs complètement débiles. Seule l’UPR a raison et tous les autres sont des débiles ou des traîtres. Franchement, vous pensez vraiment que ce type d’accroche peut marcher ?

Conclusion générale : Quelles qu’aient pu être les réserves que j’ai formulées vis-à-vis du texte du communiqué de l’Union Populaire Républicaine, au final, je suis d’accord avec l’essentiel du message politique : la Grèce doit sortir de l’euro (l’UPR y ajoute de l’UE), l’accord signé est un scandale démocratique qui ne résoudra rien.

Ces réserves, on ne peut néanmoins pas les passer sous silence : le complotisme dont fait preuve François Asselineau est inacceptable pour un homme politique se prétendant sérieux. L’agressivité de l’Union Populaire Républicaine à l’égard des partis dont elle est pourtant la plus proche sur les questions européennes, est non seulement contreproductive, mais tout à fait infondée.

Je souhaite que l’Union Populaire Républicaine grandisse et enlève tous ces aspects extrêmement désagréables qui nuisent à son image et plus généralement à l’ensemble de la cause souverainiste.

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B
C'est quoi " réformer l'ue " pour vous ? Les Traités sont irréformables .
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T
Mais bien sûr mec, il n'y a aucune différence entre ma vision de l'Europe et celle de l'UMP ou du PS...<br /> <br /> Franchement, j'en ai marre de perdre mon temps à répondre à des personnes qui ne sont pas de bonne foi. Le prochain commentaire ridicule, je ne le publierai pas.
B
Vous ne prenez qu'un seul Traité pour exemple en l'occurrence le traité fondateur de l'Europe . Le seul Traité par ailleurs que défend Dlf . Quand je vous lis je ne vois pas souvent de différence entre votre vision de l Europe et celle des partis traditionnels
T
C'est bien d'ailleurs pour cela, c'est bien connu, que le traité de Rome n'a pas été modifié depuis 1957...
K
Tythan, êtes vous d'accord que seules les professions de foi comptent ? Parce que si oui, le FN ne propose pas réellement de sortir de l'UE. Vous pouvez voir l'interview d'Asselineau à on n'est pas couché ou salamé ne trouve pas dans la profession de foi de sortie de l'euro, lors d'un autre ONPC, elle dit même à un invité que marine ne veut pas sortir de l'UE.<br /> <br /> De plus, sur la couverture médiatique de Tsipras, vous confirmez ses dires. Même si les articles sont dépréciatifs, cela fait toujours de la visibilité médiatique et met le parti au centre de la scene.<br /> De même, Vincent Rochedy, avant son départ,avait dit que le FN ne voulait sortir de rien du tout. Et son départ n'a rien à voir avec ses positions sur l'UE.
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T
"Tythan, êtes vous d'accord que seules les professions de foi comptent ?"<br /> <br /> Bien sûr que non. Les professions de foi ne sont rien d'autre que le tract envoyé à tous les électeurs. Ils ont évidemment une importance, mais cette dernière doit être relativisée. Comme vous le savez, les promesses n'engagent que ceux qui y croient : c'est vrai pour les discours, les tracts, c'est aussi vrai pour les professions de foi.<br /> <br /> "Parce que si oui, le FN ne propose pas réellement de sortir de l'UE".<br /> <br /> C'est faux : le FN propose un référendum pour organiser la sortie de la France de l'UE. C'est écrit en toutes lettres dans les commentaires de l'UPR même.<br /> <br /> "Vous pouvez voir l'interview d'Asselineau à on n'est pas couché ou salamé ne trouve pas dans la profession de foi de sortie de l'euro, lors d'un autre ONPC, elle dit même à un invité que marine ne veut pas sortir de l'UE".<br /> <br /> Marine Le Pen ne veut pas sortir de l'UE dans le sens où l'entend François Asselineau, c'est-à-dire sortie pure et simple de l'UE et aucune coordination européenne. Elle souhaite, comme Debout la France, qu'il y ait une forme de coordination européenne (sans, à ma connaissance, expliquer quelle forme cette coordination prendrait contrairement à DLF). C'est comme cela qu'il faut interpréter le propos de Léa Salamé.
C
Ce n'est qu' une question de sensibilité, upr et debout la France même combat. Vos remarques ne sont basés que sur vos convictions. Aujourd'hui, il me semble plus important de dépenser votre temps et énergie sur le pouvoir en place, plutôt que savoir si Dupont Aignan est mieux qu' asselineau. Pour moi, la priorité est de mettre fin au système actuel et nous tourner vers un nouveau mode <br /> de gouvernance.
Répondre
T
Encore une fois, je ne cherche pas particulièrement à discréditer François Asselineau, bien que j'ai de fortes réserves sur son action politique. Je cherche simplement à ce qu'il arrête de critiquer sans raison les souverainistes. <br /> <br /> C'est un peu facile, pour celui qui insulte (je sais, ce n'est pas vous), de dire à l'insulté : ben c'est pas grave, tu as un combat prioritaire à mener. Ouais mec, aucun souci, mais d'abord tu ravales tes insultes. Et ensuite on pourra discuter.
C
C'est moi qui vous remercie pour ses échanges, par contre quelle est votre priorité ? Je suis désolé mais votre dépense d'énergie nous serais plus profitable si vous dénoncez notre mode de gouvernance, plutôt que chercher à discréditer un homme qui propose autre chose. Tout cela juste parce qu' ils critiquent les souverainistes, pardonnez moi mais ca ressemble à qui a la plus gra..........
T
Bonjour et merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Contrairement à ce que vous dites, mes remarques sont basés sur des faits et mon article est assez bien sourcé (il pourrait sans doute l'être encore plus, mais je n'ai pas moins d'une vingtaine de liens. Et chez moi, les liens ne sont pas des liens sans rapport avec la discussion). <br /> <br /> Je n'ai pas d'énergie à dépenser pour savoir que Nicolas Dupont-Aignan est beaucoup plus intéressant, à tous points de vue, que François Asselineau. Je le sais, ou du moins c'est ma conviction. Mais ce n'est pas l'objet de mes articles, et je ne tente en rien de faire prévaloir mon point de vue. La seule chose que je souhaite et pour laquelle je me bats, c'est que François Asselineau arrête de calomnier, d'insulter les souverainistes qui ont eu pour seul malheur d'avoir raison avant lui.<br /> <br /> Quant à votre idée d'un "nouveau mode de gouvernance", pour moi, ce n'est pas la priorité. Nos institutions et notre démocratie ne sont sans doute pas au mieux de leur forme, mais c'est surtout dû à la faiblesse de nos hommes politiques actuels et non du cadre. Pour prendre un exemple, sans les institutions de la Vème république, il est très probable que François Hollande, qui va d'échecs en échecs, est plus impopulaire que jamais, n'aurait pas survécu aux multiples crises et couacs qui ont entachés son action politique sans le rempart de la constitution et des pouvoirs donnés au président de la république.
R
(Echanges autour de l’UPR)<br /> Je répondais à un post de José dos Santos qui a été effacé par lui : il voyait dans l’accord militaire israélo-grec une preuve du complot sionisto-amerloque, dont l’UPR fait ses choux gras, mais d’une façon masquée. La géopolitique du Moyen-Orient est totalement absente des analyses d’Asselineau, pourtant ancien diplomate ; la géopolitique pour lui se résume à : c’est la faute à l’Amérique. J’ai été adhérente de l’UPR, mais je ne pense pas utile de gaspiller son énergie à le critiquer : il se débrouille tout seul pour se déconsidérer.
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T
Vu ce commentaire. En revanche, François Asselineau n'a pas été diplomate, même si son action au ministère des finances l'a fait voyager. Pour connaître François Asselineau, je ne peux effectivement que constater que la géopolitique qu'il professe se résume à un anti-américanisme primaire. Mais ça, c'est pour les adhérents de l'UPR. Dans les faits, et même dans des réunions à plus petit comité au sein de l'UPR, il est plus fin que cela.
R
Je suis assez d'accord avec votre analyse sur Asselineau, cependant je ne pense pas que ce soit tellement utile de gaspiller son énergie à le critiquer. J'ai été adhérente de l'UPR, mais ce parti n'est pas destiné à évoluer, ni à revoir ses analyses, basées exclusivement sur le principe : c'est la faute à l'Amérique. Simplicissimus.
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T
@ Regali Kyrien<br /> <br /> Là, par contre, je ne vous suis pas. Oui, au sein de l'UPR il y avait quelques types un peu inquiétants qui cherchaient par exemple à savoir qui pouvaient bien se cacher derrière les pseudos de ceux critiques envers l'UPR. J'ai moi même fait l'objet de menaces lorsque j'ai débattu sur la page facebook de l'UPR il y a quelques années. Mais je ne crois pas que l'UPR soit dans une telle démarche. Pour avoir rencontré personnellement François Asselineau, je ne le crois pas un seul instant capable de lancer des mesures de rétorsion à votre encontre parce que vous l'auriez critiqué (et en plus il ne vous connaît pas). Heureusement d'ailleurs, l'inverse serait étonnant. <br /> <br /> D'ailleurs, à mon avis, l'UPR est ravie au fond que j'existe, que je ponde un commentaire, même très critique à l'égard de leur mouvement et de ce qu'ils disent. Ce que redoute avant tout l'UPR, c'est l'anonymat. Même si je démonte cet article complotiste, j'alimente en fait la polémique. Mon blog reste très modeste, mais cet article a déjà été vu des centaines de fois, et parmi mes visiteurs, l'un d'entre eux va au fond trouver très bien que l'UPR soit complotiste et adhérer au mouvement pour cette raison précise.
R
Je n'ai aucune confiance en ce mec, il vaut beaucoup mieux que les souverainistes le fuient comme la peste. Les vrais reproches qu'on peut lui faire ce n'est pas pour ce qu'il dit, mais pour ce qu'il ne dit pas. Plus fin que ce qu'il dit oui, et surtout plus perfide. L'attaquer est risqué. C'est pourquoi je ne le fais pas. Ses sbires collectent tout ce qui se dit contre lui sur internet.
T
Merci pour votre commentaire. Je suis bien conscient de perdre beaucoup de temps et d'énergie en rédigeant ces articles. Maintenant, il faut quand même constater que nombreux sont ceux à tomber dans les filets de François Asselineau. Je ne cherche pas à les en détourner, mais simplement à leur faire prendre conscience de certaines erreurs. Et qui sait, peut-être qu'un jour, sous la pression des militants de l'UPR, François Asselineau cessera-t-il d'attaquer bêtement les souverainistes?