Nicolas Dupont-Aignan donné pour la première fois à 8% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle
C'est une information à laquelle je ne m'attendais pas : Nicolas Dupont-Aignan est donné à 8% des intentions de vote à l'élection présidentielles dans plusieurs hypothèses selon un sondage Tns Sofres publié récemment.
Alors certes, s'agissant d'un sondage réalisé plus d'un an avant l'échéance, alors que les candidats ne sont pas encore tous connus, toutes les précautions doivent être de mise. Mais cet étiage extrêmement haut donne quand même toutes les raisons d'être très optimiste pour Nicolas Dupont-Aignan et les idées gaullistes et souverainistes. L'impact de ce sondage est d'autant plus fort qu'il converge, même si c'est le plus haut, avec d'autres sondages réalisés à peu près en même temps et dont on peut retrouver la liste ici.
Il faut bien entendu nuancer ces sondages. D'abord parce que l'étiage le plus haut, 8%, ne vaut que pour les hypothèses où le candidat Les Républicains serait soit Nicolas Sarkozy (et sans que François Bayrou se présente), soit Bruno Le Maire soit François Fillon. Si Alain Juppé était candidat ou si c'était Nicolas Sarkozy, mais avec la présence de François Bayrou au premier tour comme ce-dernier l'a annoncé dans ce cas, Nicolas Dupont-Aignan "retombe" à 6%.
En soi, cette hiérarchie est plutôt étrange, puisque l'on aurait plutôt attendu que François Fillon, héritier désigné de Philippe Séguin (bien qu'il s'en soit récemment éloigné) ou Bruno Le Maire, quadra bon chic bon genre, mordent plus sur l'électorat traditionnel de Debout La France qu'Alain Juppé, archétype de la droite boboïsée (ce qui est d'ailleurs assez ironique quand on pense aux positions proches de l'extrême droite d'Alain Juppé dans les années 1980).
Pour l'expliquer, je pense qu'il n'y a pas plus d'explications à chercher que la fiabilité générale de ce type d'enquêtes : Même à 8%, l'électorat de Nicolas Dupont-Aignan reste une petite minorité, et compte tenu de la taille de l'échantillon des sondages (en général autour de 800-1.000 personnes, 500 pour les petits et 2.000 pour ceux plus sérieux), il ne faut pas donner trop d'importance à ces mouvements qui ne concernent que quelques dizaines de personnes grand maximum.
Je reste néanmoins assez surpris des scores très honorables obtenus par Nicolas Dupont-Aignan, qui sort pourtant d'une campagne régionale où il a marqué les esprits personnellement avec un score très honorable de 6,5% en Ile-de-France, mais où nationalement les listes de Debout La France ont réalisé un score global de seulement 4%.
Comment expliquer cette progression?
Je pense que le premier élément, c'est bien entendu que le discours de Nicolas Dupont-Aignan porte. Les déboires de l'Union Européenne sont désormais bien connus et les Français en général se rendent compte de la pertinence de son discours. Ainsi, on l'avait traîné dans la boue lorsqu'il avait annoncé qu'il y aurait 1 million de migrants en 2015 vers l'UE. il avait alors recueilli un certain nombre de quolibets haineux ou moqueurs, sur fond d'accusation de populisme... Qui aujourd'hui se sont tus, devant la force de l'évidence.
Alors, bien entendu, et c'est une explication qu'on lit chez les internautes complotistes (particulièrement les fans de l'UPR), si ce discours porte, c'est que Nicolas Dupont-Aignan passe beaucoup dans les médias ces derniers temps. Il faut avoir l'honnêteté de le reconnaître, c'est tout à fait vrai même s'il faut bien sûr relativiser l'impact de ces passages : Ainsi, en tout et pour tout de sa longue carrière politique, Nicolas Dupont-Aignan n'a été invité qu'une seule fois au 20h de TF1, et il a dû aller deux ou trois fois à celui de France 2. Ce sera toujours vingt fois moins que Marine Le Pen ou Florian Philippot.
On ne peut exclure que les médias, et peut-être les sondeurs, sans forcément mettre un complot organisé derrière ces intentions, cherchent à favoriser Nicolas Dupont-Aignan vu comme une arme permettant de dégonfler quelque peu la baudruche du Front National, qui fait toujours figure d'épouvantail.
On en parle moins en ce moment, mais les dirigeants du Front National, sans doute un peu affaiblis par les révélations des "Panama Leaks" et les derniers soubresauts du père Le Pen, semblent faire quelque peu profil bas ces derniers temps. Ceci étant dit, il faut bien comprendre qu'il y a le feu à la maison : Marine Le Pen, représentante de ce parti diabolisé par à peu près tout ce qui compte dans le pays, est donnée à 25% minimum dans tous les sondages, tutoyant même les 30% dans certaines hypothèses...
Il faut être clair : la panique est un peu en train de monter parmi nos dirigeants, dont les plus lucides se demandent si un point de non-retour n'est pas en train d'être franchi. Bien entendu, l'élection de Marine Le Pen au second tour de la présidentielles de 2017 est absolument impossible, à moins d'un bouleversement majeur complètement improbable. Mais dans les sondages de 2nd tour, Marine Le Pen est toujours à 30% au moins, soit beaucoup plus que les 20% de son père en 2002...