Quelques commentaires en vrac sur le dernier entretien d'actualité de François Asselineau
Je suis en train de visionner le dernier entretien d'actualités que François Asselineau semble vouloir instituer comme rendez-vous bi-mensuel pour faire connaître à ses adeptes - euh, pardon, à ses adhérents - la profondeur inégalable de sa pensée.
Le moins que je puisse dire, c'est que malgré de nombreux points d'accords, François Asselineau m'énerve toujours autant. L'exercice, sans contradiction, se prête malheureusement à toujours autant de commentaires dégoulinant d'autosatisfaction et c'est insupportable. A tout bout de champ, François Asselineau s'envoie des fleurs, explique qu'il a tout compris avant tout le monde, qu'il a toujours eu raison, que tout confirme ce qu'il dit... Quand bien même ce serait vrai, une telle démonstration de morgue, de suffisance, ne peut qu'exaspérer ceux qui ne boivent pas ses paroles comme du petit lait...
Très franchement, pour avoir visionné une ou deux vidéos de l'energumène, François Asselineau me fait de plus en plus penser à Alain Soral, cet intellectuel sulfureux passé du communisme tendance bling-bling au Front National avant de s'en faire démissionner : le mec se fait des films tout seul, explique à tout le monde qu'il n'acceptera de débat qu'avec des personnalités dignes de lui qui déclinent, du coup croît qu'il a toujours raison puisque personne ne le contredit, et à la fin se fracasse contre la réalité politique en hurlant au complot.
Ainsi, François Asselineau explique qu'il aurait été très surpris qu'un article du Figaro "révèle" que les unions monétaires ont toujours échoués. Il s'insurge d'autant plus que cet article aurait l'outrecuidance de ne pas citer ses analyses géniales datant de 2011 pour lui préférer un obscur économiste danois, Jens Nordvig... Ah, mais quel scandale!
De scandale, il n'y en a évidemment aucun. D'abord et en premier lieu parce que comme toujours, François Asselineau s'approprie des idées et des concepts dont il est loin d'être à l'origine. J'hésitais à le dire aussi abruptement, mais on voit quand même là un trait de personnalité de nature franchement mégalomaniaque. C'est d'autant plus ridicule quand ça vient d'un homme dont la carrière politique est aussi médiocre (147 voix à l'élection législative où il s'est présenté, rappelons le).
Ensuite et surtout, c'est idiot puisque si cet article du Figaro est bien écrit par l'un des chroniqueurs économiques du quotidien, il est publié au sein de la rubrique "Figarovox", qui est celle consacrée aux articles d'opinion (par exemple, Laurent Herblay, ex-cadre de DLR, qui a lui aussi analysé la fin des unions monétaires, y intervient parfois). Si François Asselineau écrivait un article court, sensé et percutant sans référence complotiste comme il en est coutumier, il est évident qu'après plusieurs tentatives il serait publié...
François Asselineau se révèle également égal à lui-même lorsqu'il tente bien maladroitement de se justifier sur son article indigent (même pour moi, qui connaît très mal la situation politique grecque) qu'il avait commis lors de l'accession au pouvoir de Syriza.
Si on écoute bien la défense de François Asselineau, en fait, il aurait eu raison depuis le début puisqu'Alexis Tspiras affirme qu'il compte maintenir la Grèce dans la zone euro. Et c'est là où n'importe quel lecteur un minimum avisé doit réagir : ce fait est connu et reconnu, souligné à de multiples reprises dans tous les articles sérieux. Ce n'est pas la question et cela ne vient en renfort de la thèse de François Asselineau, qui prétend que Syriza serait un parti leurre. Si c'était le cas, on a envie de dire au sujet de ceux qui auraient promu Syriza : mauvaise pioche!
Le fait est qu'Alexis Tsipras et Syriza, quels que soient les reproches qu'on puissent leur faire sur leur action politique, ont maintenant, à l'évidence, démontrés qu'ils n'étaient pas des leurres promus par je ne sais quel complot des forces "euros-atlantistes" ou de "l'oligarchie".
Sur l'analyse que François Asselineau fait du parcours politique d'Alexis Tsipras, j'ai au final des points communs : je pense par exemple que sa campagne a été largement démagogique. Faire croire que la Grèce pourra faire payer les créanciers tout en conservant l'euro était irréaliste. Comme on dit, on ne peut pas avoir le beurre (la continuation des plans d'aides), l'argent du beurre (le maintien dans la zone euro) et par dessus le cul de la crémière (la restructuration des dettes, qui d'ailleurs devrait pour moi être la priorité). Maintenant, et ça, François Asselineau l'oublie, il faut aussi comprendre que les Grecs n'auraient jamais élu quelqu'un qui aurait ouvertement fait campagne pour la sortie de l'euro. En revanche, je pense qu'a minima, Alexis Tsipras aurait dû dire dans sa campagne quelque chose comme : nous allons renégocier les plans d'aides et demander une restructuration de la dette (et ça il l'a fait et il avait raison), et si nous n'y arrivons pas de manière satisfaisante, alors nous quitterons l'euro (et ça, il ne l'a pas fait, à ma connaissance, et il a eu tort). Du coup, Alexis Tsipras s'expose à la critique que lui fait François Asselineau. Mais sans-doute même ce que je propose aurait déjà été aller trop loin? Peut-être, je n'en sais rien.
François Asselineau a aussi quelques développements intéressants sur l'absence de procédure de sortie de l'euro. Mais pour la première fois (et c'est quelque chose que j'avais notamment invoqué sur mon premier blog, je vais moi aussi accuser François Asselineau de plagiat), François Asselineau semble découvrir qu'il n'existe pas non plus de procédure d'expulsion de la zone euro (et c'est encore plus vrai pour l'expulsion de l'UE). La vérité, c'est que l'euro n'est pas une question juridique, mais politique et économique. Le moyen pour expulser la Grèce de l'euro est pour le moins simple : on coupe le robinet! Croire que les dirigeants européens s'arrêteront sur d'obscures problématiques juridiques est pour le moins naïf.